Artemisia ou la Vagabonde

Artemisia ou la Vagabonde

Devenir une femme inspirante

 

 

 

 

 Michelle Obama m'a passionnée, et ses mémoires, sans vouloir briguer un prix littéraire, sont tout à fait honnêtement rédigées.

 

 

 

 

Mais c'est assez dense, et on ne lit pas le récit d'une vie aussi riche comme un thriller. Et quand je dis riche, je ne parle pas d'argent, car contrairement à ce que j'ai pu lire dans certains commentaires, Michelle née Robinson ne vient pas d'une famille fortunée ni même aisée. Elle a vécu une bonne partie de sa vie dans un quartier populaire de Chicago, le South Side, une maison appartenant à un oncle et une tante dont ses parents louaient l'étage, plutôt exigu pour quatre personnes. Elle y a même passé les premiers temps de sa vie avec Barack, celui-ci ne gagnant pas encore grand-chose comme enseignant et auteur débutant.

 

 

 

 

Cette lumière en nous: S'accomplir en des temps incertains

 

Le volume se construit en trois parties : Devenir moi, qui retrace son enfance et sa jeunesse jusqu'à sa rencontre avec son futur mari, Devenir nous (la plus longue), qui recouvre leur vie commune et l'entrée en politique de Barack jusqu'au soir de sa première victoire à l'élection présidentielle, et enfin Devenir plus, qui couvre les huit ans passés à la Maison Blanche. Pas de grandes révélations, mais le récit (d'après moi sincère) du chemin de vie hors du commun d'une femme Noire issue d'une famille aimante qui l'a toujours poussée à exprimer le meilleur d'elle-même en travaillant sans relâche pour atteindre ses buts. Alors ce n'est pas toujours passionnant, ni original, il y a des redondances et parfois de l'autosatisfaction, mais je suis quand même admirative le chemin parcouru. Il n'a certainement pas été facile pour une jeune fille de couleur née en 1964 de faire des études de droit à Princeton, puis Harvard à une époque où il fallait s'imposer en tant que femme, et de surcroît issue d'une minorité et d'un milieu modeste. Je ne doute pas qu'elle ait du fournir un travail acharné pour décrocher un poste au sein d'un cabinet d'avocats coté de Chicago, pour s'apercevoir au bout de quelques années que le droit ne l'intéressait pas ! Qu'importe, elle a su changer de voie et s'investir tout autant « à fond » dans l'associatif et les services publics qui correspondaient davantage à ses valeurs.
Dans la seconde partie, on fait davantage connaissance avec le futur président, vu bien sûr à travers les yeux amoureux de Michelle qui, même si elle n'est pas toujours en accord avec les choix de son homme le soutiendra dans toutes ses entreprises, y compris quand à peine mariée, elle le verra s'installer pendant des mois à Hawaï, seul dans un cabanon pour achever d'écrire un livre et le soumettre à son éditeur. Plus tard naîtront Malia et Sasha, et débuteront les épuisantes campagnes électorales, les courses aux investitures et les attaques des adversaires politiques. Michelle n'aime pas la politique, et n'hésite pas à le dire haut et fort. Mais elle reconnaît en Barack un homme appelé à accomplir de grandes choses pour son pays, pas juste un idéaliste brassant de belles idées. Et comme ne plus il possède le charisme et les compétences pour faire évoluer la société américaine, elle le suivra dans l'aventure de l'élection présidentielle en 2008, s'entourant d'un « staff » de femmes aux multiples talents pour le soutenir dans sa campagne, et plus tard tout au long de ses deux mandats.

On suit toute la famille Obama, belle-mère comprise, de son installation à la Maison Blanche jusqu'au départ après l'élection de Trump. Mais ce sont toujours les actions menées personnellement par Michelle qui restent l'axe central du récit, la politique de son mari est bien sûr évoquée aussi dans la mesure où elle influe sur la vie quotidienne de son épouse et de ses filles. Mais il est surtout question de l'engagement de Michelle auprès des enfants des écoles, pour promouvoir une alimentation plus saine et moins industrielle, sa lutte contre l'obésité et la sédentarité infantile, son aide aux familles de militaires (engagement qu'elle avait déjà pris des années auparavant et qu'elle a toujours poursuivi), et sa ferveur à exhorter les filles à croire en leur potentiel et à oser briguer de bonnes universités, pour ensuite se réaliser dans leur travail. On en apprend beaucoup sur le quotidien et les contraintes liées au fait d'être Première Dame, les lourdeurs occasionnées par le moindre déplacement par exemple. Et bien sûr aussi sur les attaques racistes et les bâtons dans les roues orchestrés par le parti adverse pour empêcher Barack Obama de mener à bien ses réformes.
Là je me permets une petite opinion personnelle, n'en déplaise à certains qui ne manqueront pas de pousser des hauts cris : j'ai été absolument ravie quand Obama est arrivée au pouvoir, et je suis convaincue qu'il a mené des réformes essentielles notamment au niveau social. Et quoi qu'en disent ses détracteurs, il a su sortir son pays de la crise de 2008, l'économie était en bien meilleur état quand il a terminé son second mandat que lors de son accession à la tête de l'État, ce sont les chiffres qui le disent, pas moi ! Et j'ai toujours du mal à comprendre comment un pays a pu passer d'un président de son envergure à un sinistre clown qui s'est engagé en politique pour le fun...

 

 

 

 

 

 

 

Trailer du film Devenir - Devenir Bande-annonce VOST - AlloCiné (allocine.fr)

 

https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=282341.html

 

 

 

Fin de la digression, et bilan de cette lecture : très franchement, même si j'ai trouvé des longueurs dans la deuxième partie, j'ai apprécié ce bout de chemin en compagnie de Michelle Obama, une femme volontaire, droite dans se bottes, mais qui n'hésite pas à faire part de ses doutes et de ses difficultés, en tant que femme « publique » mais aussi en tant que mère et épouse. Elle reconnaît avoir eu une part de chance et de bonnes rencontres pour en arriver là où elle est arrivée, mais tient à faire reconnaître son travail et ses propres mérites. En cela elle a tout à fait raison, aucune femme ne devrait sous-estimer ses qualités.
J'ai parfois soupiré un tantinet, à propos des multiples occasions où elle rappelle les difficultés des la communauté noire, et particulièrement des filles, à s'imposer dans une société à majorité blanche. Mais n'étant pas dans sa situation, il m'est difficile d'en juger, en tant que blanche je ne peux que l'observer de l'extérieur. Je ne critiquerai pas l'écriture en elle-même, je pense qu'elle a été supervisée par des professionnels qui ont sans doute opéré un tri dans les journaux de bord de Madame Obama.

 

 



28/01/2024
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